Depuis plusieurs années se profile une problématique pour les organismes qui ont recours au bénévolat : un manque de relève, dû notamment à la pénurie de main-d’œuvre et aux bouleversements démographiques. En effet, comme le rappelait cette semaine M. Alexandre Cauchon, directeur général de la Fédération des centres d’action bénévole du Québec (FCABQ), la plus grande partie du bassin de bénévoles engagés sur le long terme sont des retraités. Le problème du recrutement dans les générations plus jeunes est depuis longtemps soulevé.
Avec cette crise sanitaire, la situation semblait devoir s’aggraver pour les organismes, puisque les besoins de soutien aux plus démunis se sont démultipliés, que les aînés sont strictement confinés chez eux et que les mesures de distanciation sociale rendent plus difficile l’accueil de bénévoles pour assurer les services.
Or, comme c’est le cas dans plusieurs domaines, la COVID-19 a changé la donne et entraîné un changement soudain. L’appel de François Legault aux Québécois à s’engager dans le bénévolat a été largement entendu, au-delà même des attentes. En trois semaines, près de 26 000 personnes se sont en effet portées volontaires sur le site jebenevole.ca pour offrir leur temps durant cette crise (chiffres FCABQ).
Notre veille médiatique (Ma Veille) nous a également permis de relever plusieurs exemples montrant que les autres générations – et notamment les étudiants – se sont d’emblée mobilisées pour relever les bénévoles coincés chez eux. C’est une excellente nouvelle qui démontre que la solidarité n’a pas d’âge et que les jeunes générations, souvent taxées (à tort) d’individualisme, ont elles-aussi le cœur à la bonne place et le souci du bien commun!
Le bénévolat étant une des sources de la culture philanthropique et très souvent la porte d’entrée des philanthropes vers un engagement durable (et vers d’autres formes de dons), l’arrivée de nouveaux profils augure d’une transformation positive et d’une solidarité renforcée pour l’après crise. On le souhaite de tout cœur!
En outre, il faut chaleureusement féliciter les organismes, qui mis à mal, ont su faire preuve d’agilité et d’inventivité pour faire face. D’une part, ils ont rapidement su mettre en œuvre des solutions pour venir en aide aux personnes dans le besoin, tout en respectant la distanciation sociale et la sécurité des bénévoles et des bénéficiaires. D’autre part, ils ont su adapter leurs procédures d’accueil, de vérification d’antécédents et de formation des nouveaux bénévoles, sans rien céder à la rigueur nécessaire. C’est un véritable tour de force et la preuve de leur capacité exceptionnelle d’adaptation et d’innovation!
Ainsi, en cette Semaine de l’action bénévole 2020, l’Institut Mallet souhaite plus que jamais rendre hommage à tous ces organismes et à tous ces bénévoles, anciens ou nouveaux, dont l’engagement est un pilier essentiel de l’équilibre de notre société!
Nous souhaitons également remercier ces aînés engagés qui, une fois le confinement levé, viendront, comme à leur habitude, prêter main forte pour combler les besoins.
Le monde en général et la culture philanthropique en particulier se transforment rapidement sous nos yeux. Et si aujourd’hui cette solidarité est remarquée et célébrée, nous devons collectivement nous assurer – le secteur philanthropique, comme la société dans son ensemble – que cet engagement sera non seulement valorisé, mais également pérennisé une fois la tempête passée. Car ses conséquences se feront sentir bien après la levée du confinement. Et s’il est une leçon à tirer de cette crise, c’est que le don de soi et l‘engagement solidaire sont tout simplement indispensables!
Ces différents questionnements feront d’ailleurs partie des travaux préparatoires de notre quatrième Sommet sur la culture philanthropique et de la réflexion que nous mènerons avec les acteurs de l’écosystème philanthropique, lors de l’événement les 13 et 14 avril 2021.
Jean M. Gagné,
Président et chef de la direction